La fin annoncée des moteurs thermiques en 2035 : la France face à ses contradictions

Fin des voitures thermiques en 2035

Alors que plusieurs pays européens, Allemagne en tête, réévaluent leur engagement à interdire les moteurs thermiques d’ici 2035, la France maintient fermement le cap. Pourtant, les difficultés économiques, les retards industriels et les réalités énergétiques viennent remettre en question cette stratégie ambitieuse. Loin d’un choix éclairé, ce positionnement semble de plus en plus s’apparenter à un pari risqué.

Une filière électrique encore fragile malgré des investissements massifs

Au début des années 2020, l’annonce par de nombreux constructeurs d’un basculement total vers l’électrique d’ici 2035 a été saluée comme une révolution industrielle. Cependant, à l’époque déjà, les spécialistes du secteur faisaient preuve de prudence. Les ventes de voitures électriques restaient modestes, ne représentant que 7 % du marché en France en 2020 malgré des aides publiques généreuses.

Cinq ans plus tard, le constat est mitigé : si la part de l’électrique atteint aujourd’hui environ 18 % en France, la dynamique de croissance ralentit. Les obstacles restent nombreux : un prix d’achat toujours élevé, une autonomie perfectible pour une partie des modèles, et surtout un maillage de bornes de recharge encore insuffisant dans certaines zones rurales ou périurbaines.

Le choix français : entre ambition écologique et réalité industrielle

Le gouvernement français persiste à vouloir interdire la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035. Dans une communication officielle du 23 octobre, les ministères de la Transition écologique et de l’Économie affirment vouloir concilier écologie et industrie, promettant que l’électrification ne sera pas synonyme de désindustrialisation.

Mais cette volonté politique se heurte à un contexte économique compliqué. Dans de nombreux territoires, des usines ferment temporairement faute de commandes, et le projet européen de « l’Airbus de la batterie », censé réduire la dépendance à la Chine, peine à voir le jour. Les déclarations officielles peinent à masquer une inquiétante perte de vitesse.

Les constructeurs automobiles revoient leurs ambitions à la baisse

Face à ces incertitudes, de nombreux constructeurs réorientent leur stratégie. Des marques comme Jeep, Fiat ou encore Porsche, initialement lancées dans une transition 100 % électrique pour certains modèles phares, intègrent finalement des versions hybrides à leur catalogue. Porsche, par exemple, a dû repenser à la hâte une version thermique du Macan, après avoir misé sur une plateforme exclusivement électrique.

Du côté des marques françaises, Renault continue de renforcer sa gamme hybride avec ses motorisations E-Tech sur la Clio ou l’Austral, tandis que Stellantis mise toujours sur des plateformes multi-énergies capables d’accueillir moteurs thermiques, hybrides ou électriques selon les besoins du marché.

Les limites d’une électrification imposée à marche forcée

Il ne s’agit pas ici de contester les atouts de la voiture électrique. Moins polluante à l’usage, agréable à conduire et de plus en plus performante, elle représente une avancée notable dans la réduction des émissions de CO2. Toutefois, vouloir imposer cette transition de manière uniforme et rapide, sans tenir compte des contraintes économiques, sociales et industrielles, peut s’avérer contre-productif.

La dépendance aux matières premières, majoritairement importées de Chine, est un facteur préoccupant. Cobalt, lithium ou nickel : ces éléments essentiels à la fabrication des batteries posent des défis géopolitiques et environnementaux majeurs. En poursuivant une stratégie trop rigide, la France pourrait fragiliser des milliers d’emplois dans le secteur automobile – près de 400 000 dans l’Hexagone et près de 14 millions en Europe.

Une vision plus souple et réaliste semble s’imposer

À l’heure où plusieurs partenaires européens appellent à reporter l’interdiction des moteurs thermiques, la France pourrait gagner à adopter une posture plus nuancée. Il est peut-être temps de privilégier une transition progressive, appuyée sur une diversité de solutions technologiques : hybrides rechargeables, carburants de synthèse, ou hydrogène pour certains usages spécifiques.

Plutôt que de dicter un modèle unique, il serait plus judicieux de laisser l’innovation et la demande des consommateurs guider l’évolution du marché. Le pragmatisme pourrait alors devenir un véritable levier pour réussir cette mutation industrielle et environnementale, sans sacrifier des pans entiers de notre tissu économique.

Informations clés (Tableau récapitulatif)

Élément Situation actuelle en 2025
Part des voitures électriques 18 % en France, 15 % en moyenne en Europe
Objectif européen Fin de vente des moteurs thermiques en 2035
Position de l’Allemagne Demande de moratoire sur l’interdiction en 2035
Dépendance aux matières Majoritairement importées de Chine (lithium, cobalt)
Emplois menacés 400 000 en France, 14 millions en Europe

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Pensez-vous que la France fait le bon choix en maintenant l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 ?

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